Le lait cause-t-il le cancer? 3 choses à savoir (4 commentaires sur )

Notre article contient 4 commentaires sur l’article de l’agence science presse (Canada) intitulé:

Le lait cause-t-il le cancer? 3 choses à savoir

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L’article comporte énormément de conditionnel et il est surprenant qu’il soit classé parmi les détecteurs de rumeur. En effet, on ne peut pas répondre à des rumeurs (en réalité des propos données au conditionnel) avec des informations données elles-mêmes au conditionnel par des chercheurs . Prenons l’affirmation suivante à propos du calcium:

Il s’appuie notamment sur une méta-analyse publiée en 2012, selon laquelle le calcium aurait un effet protecteur sur le développement du cancer dans la muqueuse colorectale et pourrait réduire les risques jusqu’à 24 %. 

Remarque #1.

Cette affirmation reprise par les journalistes en herbe repose sur une meta-analyse, c’est à dire une analyse reposant sur les résultats d’autres analyses. Comme les études financées par l’industrie se concentrent sur les bienfaits au lieu des risques du lait, on peut s’interroger sur la qualité de la source.

Remarque #2.

L’article parle de calcium comme si le lait du calcium était absorbé par l’organisme. Ceci n’est pas démontré. D’autres études montrent le contraire. Non seulement le calcium n’est pas absorbé, mais qu’en plus celui qui est déjà présent dans le corps est détourné pour diminuer les effets néfastes du lait.

Le calcium est un composant utile pour le corps mais doit-il provenir du lait de vache? Voir la page avertissement qui résume les « merveilleux »  effets du lait

Remarque #3.

L’article mentionne une très faible assimilation par le corps du facteur de croissance appelé IGF-1 en relatant un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire publié en 2012 conclut que cette hormone de croissance serait dégradée par l’intestin bien avant d’atteindre le sang.
Or l’assimilation et sa dégradation dépendent en grande partie de la porosité intestinale. Celle-ci augmente quand une personne consomme beaucoup de pain, pâtes, riz, etc. qui sont dégradés dans l’intestin grêle par la mobilisation de bactéries, levures et champignons. Conséquences directes: une altération et une inflammation de la paroi liées en autre à la génération d’acide urique et d’acide chlorhydrique.  On parle alors d’hyperperméabilité qui conduit le corps à laisser passer les facteurs de croissance animale IGF-1, ainsi que de multiples protéines animales qui n’ont rien à faire dans l’organisme humain.

Remarques #4.

On peut batailler énormément sur les mécanismes sous-jacents de l’assimilation du calcium. On peut également suivre la directive du nutritionniste-diététiste Jean-Philippe Drouin-Chartier : il est préférable d’observer l’aliment dans son intégralité plutôt que de décortiquer chacune de ses molécules pour déterminer ses bienfaits ou ses dangers. Au patient de tester si l’arrêt de la consommation de produits laitiers lui est bénéfique. Un jour il faudra commencer à accepter ce que l’expérience vécue nous révèle plutôt que de s’entêter à avaler sans cesse une propagande externe.


Le lait de vache fait l’objet de nombreuses rumeurs dont plusieurs touchent à la santé des consommateurs. Dans le lot, c’est celle prétendant que le lait puisse causer le cancer qui semble préoccuper davantage les jeunes lecteurs du magazine Curium. Le Détecteur de rumeurs leur répond.

 


####### DEBUT DE L’ARTICLE ########

L’origine de la rumeur

L’origine de cette rumeur réside dans le mot « hormone ». D’une part, il existe une hormone de croissance naturellement présente dans le corps humain, appelée IGF-1, que des études ont associée à une augmentation de certains cancers. Or, elle est aussi naturellement présente dans le lait de vache.

Par ailleurs, d’autres hormones sont naturellement présentes dans le lait, comme l’œstrogène et la progestérone, et certaines personnes craignent qu’en buvant du lait, ces hormones ne se retrouvent dans notre sang.

1. Les hormones se retrouvent en quantité négligeable dans le sang

Or, les hommes produisent 6 000 fois plus d’œstrogène que ce que l’on retrouve dans un verre de lait. Le corps des femmes, lui, en produit 28 000 fois plus !

Le lait ingurgité est donc une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux hormones que l’on produit naturellement.

Quant à l’IGF-1 (pour Insulin-like Growth Factor), puisqu’elle est présente dans le lait de vache, plusieurs en ont conclu que de consommer des produits laitiers faisait augmenter les taux d’IGF-1 et donc, les risques de cancer. Ce n’est pourtant pas aussi simple.

Tout d’abord, à l’heure actuelle, la majorité des données sur l’assimilation par le corps de l’IGF-1 proviennent d’études réalisées chez des rats. Par exemple, selon cette étude publiée en 1997, il semble qu’elle se retrouve à 70 % dans le sang de ces animaux.

Chez l’humain toutefois, les conclusions sont beaucoup moins claires. Un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire publié en 2012 conclut que cette hormone de croissance serait dégradée par l’intestin bien avant d’atteindre le sang. Et même si elle s’y retrouvait, encore une fois, la quantité de produits laitiers consommés quotidiennement ne serait pas suffisante pour augmenter la concentration d’IGF-1 qu’on retrouve naturellement dans notre corps. Il faudrait boire plusieurs litres de lait par jour pour arriver à en modifier substantiellement la concentration. Le rapport conclut :

« La contribution de l’IGF-1 d’origine laitière au risque de cancers, si elle existe, serait faible. »

 Agence française de sécurité sanitaire

Pour le nutritionniste-diététiste Jean-Philippe Drouin-Chartier, il est préférable d’observer l’aliment dans son intégralité plutôt que de décortiquer chacune de ses molécules pour déterminer ses bienfaits ou ses dangers. « Il faut se rappeler que les humains consomment du lait et non pas de l’IGF-1 », nuance celui qui est aussi stagiaire postdoctoral au département de nutrition de l’École de santé publique de Harvard. « Il vaut mieux établir le lien entre la consommation de cet aliment et son effet sur la santé. On peut ensuite essayer d’expliquer les associations en se basant sur sa composition nutritionnelle. »

2. Le lait aurait un effet protecteur contre certains cancers

Certains chercheurs ont même exploré la possibilité que le lait ait un effet protecteur. C’est ce qu’a fait le World Cancer Research Fund (WCRF) dans son rapport 2018 analysant le lien entre le cancer et la consommation de produits laitiers. Sa conclusion la plus surprenante pour ceux qui craignent les produits laitiers : il existerait des preuves convaincantes que leur consommation diminuerait le risque de cancer colorectal.

Il s’appuie notamment sur une méta-analyse publiée en 2012, selon laquelle le calcium aurait un effet protecteur sur le développement du cancer dans la muqueuse colorectale et pourrait réduire les risques jusqu’à 24 %. On associe aussi la consommation de produits laitiers à une réduction du risque de cancer du sein, mais les preuves seraient plus limitées.

Le rapport du WCFR dit également que la consommation de produits laitiers pourrait augmenter le risque de cancer de la prostate de 3 à 9 % chez les très grands buveurs de lait. Cependant, là aussi, les preuves sont limitées et pas assez concluantes pour nécessiter des recommandations nutritionnelles.

3. Aucune hormone de croissance n’est permise au Canada

Il existe un dernier facteur qui devrait rassurer les lecteurs de Curium. Bien que l’ajout d’hormones stimulant la production laitière soit toujours autorisé aux États-Unis, c’est formellement interdit au Canada depuis les années 1990.

Verdict

Le lien entre une consommation modérée de produits laitiers et l’augmentation des risques du cancer n’a pas été démontré de manière concluante. Les recherches actuelles indiquent même que ces produits pourraient réduire certains types de cancers, comme le cancer colorectal.

 

####### FIN DE L’ARTICLE ########