inflammation

 

 

Avertissement 

S’il fallait retenir un mot en médecine, ce serait sans doute l’inflammation.

Voici, tiré de la thèse de doctorat de Marie-Eve Labonté « Alimentation et inflammation : considérations épidémiologiques, cliniques et métaboliques » non seulement une définition mais également une remise en place centrale de l’inflammation comme processus naturel déclenché par le système immunitaire pour préserver les fonctions du corps et qu’on s’évertue à considérer comme anormale et dont il faudrait vite se débarrasser, notamment les symptômes.

Courir après des conseils, des astuces ou du coaching sans comprendre les mécanismes sous-jacent d’une inflammation, est une perte de temps et d’efficacité. Procéder ainsi c’est se rendre dépendant d’une source et c’est un risque d’erreur comportementale. Substituer une dépendance à une source de données à une autre, ne vous rendra pas plus sûr de vous.

Ce dont il faut se débarrasser, c’est d’abord nos préjugés et notre manque de connaissance crasse en matière de métabolisme.

Voici donc pour se rattraper une définition de l’inflammation mais également son implication au sein du système immunitaire

 

INTRODUCTION

Les maladies chroniques d’origine multifactorielle telles que le diabète de type 2, le cancer et les maladies cardiovasculaires (MCV) représentent un lourd fardeau économique pour les pays industrialisés et le Québec n’échappe pas à cette situation. Selon le Conference Board du Canada, en 2013, les coûts totaux de six maladies chroniques (cardiopathies ischémiques, maladies vasculaires cérébrales, maladie pulmonaire obstructive chronique, cancer du poumon, hypertension artérielle et diabète) ont été évalués à 8,1 G$ dans notre « Belle Province » (1). On reconnaît de plus en plus l’existence d’un état pathologique sous-jacent commun à l’ensemble des désordres métaboliques multifactoriels : l’inflammation systémique et chronique dite « de faible intensité » (2) (Figure I). Le fait que l’inflammation systémique soit associée au développement et à la progression de plusieurs désordres métaboliques multifactoriels dénote l’importance de s’attarder à cette condition dans le but ultime de viser une amélioration de l’état de santé des individus. On reconnaît aussi de plus en plus, comme j’aurai l’occasion d’en discuter au prochain chapitre, qu’un des facteurs clés dans la modulation du profil inflammatoire serait l’« alimentation » au sens large (3). Ainsi, en tant que nutritionniste, il m’apparaissait fort pertinent d’étudier la grande thématique de l’alimentation et de l’inflammation dans le cadre de mon doctorat.

inflammation

Figure I : L’inflammation : point commun de plusieurs désordres métaboliques d’origine multifactorielle. Création personnelle inspirée de l’article de Scrivo et al. (2). Abréviations : MCV, maladies cardiovasculaires.

 

DEFINITION

L’inflammation se définit de prime abord comme une réponse physiologique normale de l’organisme contre une agression telle qu’une infection ou une lésion corporelle (blessure, brûlure, irritation) afin de rétablir l’homéostasie aux sites infectés ou endommagés (4). De façon typique, la survenue de l’agression entraîne l’activation de récepteurs du système immunitaire inné tels que les récepteurs de type Toll (TLR ; « Toll-like receptors »), ce qui mène à la libération de médiateurs chimiques pro-inflammatoires (5, 6). La libération de ces molécules entraîne une augmentation du débit sanguin vers le site de l’agression ainsi qu’une augmentation de la perméabilité capillaire (7). Ce phénomène survient dans le but que les acteurs du système immunitaire arrivent à maîtriser la source de l’agression et le tout se traduit en l’apparition des cinq signes classiques de l’inflammation aiguë : la rougeur, la chaleur, la tuméfaction, la douleur et la perte de fonction (6, 8). Une fois l’agresseur « maîtrisé », un processus d’autorégulation nommé résolution de l’inflammation se met en branle (8, 9). Ce processus implique la sécrétion de molécules anti-inflammatoires et de médiateurs lipidiques pro-résolutifs (traduction libre de « proresolving lipid mediators ») dont les rôles sont de protéger les organes de l’hôte contre de possibles dommages « collatéraux », d’activer la réparation des tissus et de promouvoir la clairance des débris cellulaires et/ou microbiens issus de la réaction inflammatoire (8, 9). Bref, il faut retenir que l’inflammation est, à la base, une réaction aiguë, localisée et finement autorégulée, dont la source est généralement exogène et dont les effets sont ultimement protecteurs. Toutefois, certains états de déséquilibre peuvent mener à l’inflammation chronique, dont les effets sont généralement pathologiques (7, 8). Ces états de déséquilibre incluent la perte d’efficacité du processus d’autorégulation de l’inflammation aiguë, le dysfonctionnement du système immunitaire (réactions auto-immunes) ou le dysfonctionnement de certains tissus et organes induisant alors une libération continue de stimuli inflammatoires endogènes (7, 8). On distingue deux types d’inflammation chronique : un premier type est l’inflammation chronique dite « franche », un terme employé par certains chercheurs  pour désigner les maladies inflammatoires chroniques à composante auto-immune s’accompagnant de manifestations cliniques évidentes ainsi que d’élévations marquées des concentrations de biomarqueurs inflammatoires dans la circulation systémique (ex : arthrite rhumatoïde, maladies inflammatoires de l’intestin, psoriasis) (8). Le deuxième type est l’inflammation chronique dite « de faible intensité » (« low-grade inflammation »), souvent qualifiée de « silencieuse » puisqu’elle ne s’accompagne pas de manifestations cliniques évidentes. De plus, l’élévation des concentrations de biomarqueurs inflammatoires dans la circulation systémique est modeste comparativement aux conditions associées à l’inflammation chronique « franche » (8). Tel qu’annoncé en introduction, l’inflammation systémique et chronique de faible intensité fait l’objet de la présente thèse.

L’inflammation est un système adaptatif qui accélèrent les échanges afin d’apporter plus d’agents nettoyants et d’agents réparateurs dans la zone. Il y a également une augmentation du métabolisme pour accélérer ces réactions de régénération au maximum de ce que le corps peut tolérer. Cette inflammation est régulée par le cortisole produit par le corps  qui se transforme en cortisone. Quand cette inflammation s’emballe faute de régulation, elle devient douloureuse. C’est un signe de fatigue généralisée du corps. La régénération passe par le rétablissement du fonctionnement des surrénales. Cela nécessite une réduction significative voire une annulation complète d’alimentation acidifiantes.

SOURCES DE L’INFLAMMATION

Le profil inflammatoire se traduit par l’expression d’une panoplie de biomarqueurs provenant de diverses sources. De manière simplifiée, comme l’illustre la Figure 1.1, la paroi vasculaire, les cellules immunitaires telles que les macrophages ainsi que le tissu adipeux sécrètent des cytokines pro-inflammatoires, une famille de peptides qui inclut entre autres les interleukines (IL-6, IL-1β) et le facteur de nécrose tumorale (TNF-α ; « tumor necrosis factor alpha ») (10).

La sécrétion de cytokines stimule la production hépatique de protéines de phase aiguë incluant le fibrinogène, la protéine amyloïde A sérique (SAA ; « serum amyloid A ») et la protéine C-réactive (CRP, « C-reactive protein »), cette dernière étant l’un des biomarqueurs inflammatoires les plus étudiés à l’heure actuelle (10). Ensuite, il importe de souligner que le tissu adipeux sécrète non seulement des molécules pro inflammatoires, mais aussi des molécules anti-inflammatoires, comme l’adiponectine (11, 12).

biomarqueurs-inflammatoires

Figure 1.1 : Sources des biomarqueurs inflammatoires. Abréviations : CRP, protéine C-réactive ; IL, interleukine ; SAA, protéine amyloïde A sérique ; TNF-α, facteur de nécrose tumorale alpha

Le tissu adipeux, dans le contexte de l’obésité, jouerait un rôle crucial en ce qui a trait à l’établissement et au maintien d’un état inflammatoire chronique de faible intensité (3). Les concentrations de la CRP et de plusieurs cytokines incluant l’IL-6, l’IL-8, le TNF-α et le facteur chimiotactique MCP-1 (« monocyte chemoattractant protein-1 ») sont en effet plus élevées chez les individus obèses que chez les individus de poids normal (13-15). À l’inverse, les concentrations de l’adiponectine sont généralement plus faibles chez les individus obèses que chez les individus de poids normal (16). Cette association, qui peut sembler paradoxale à première vue, serait potentiellement attribuable au fait que les adipocytes hypertrophiés auraient une capacité réduite de synthétiser l’adiponectine (17).

Ensuite, notons que la perte de poids entraîne une diminution des concentrations de la CRP et des cytokines pro-inflammatoires (14, 18-20) et une augmentation des concentrations d’adiponectine (16, 20).

Outre la quantité totale de tissu adipeux, sa distribution dans le corps humain est un facteur important à considérer en lien avec l’inflammation chronique de faible intensité. L’obésité abdominale serait associée aux concentrations de la CRP indépendamment de l’indice de masse corporelle (IMC) (21). Le tissu adipeux viscéral produirait par ailleurs de 2 à 3 fois plus d’IL-6 que le tissu adipeux sous-cutané (22, 23), possiblement en raison d’une plus grande accumulation de macrophages dans le compartiment viscéral (24). En effet, le tissu adipeux est un tissu « hétérogène » composé non seulement d’adipocytes, mais aussi d’autres cellules telles que les cellules immunitaires (3). Bien que les adipocytes aient euxmêmes la capacité de produire certaines cytokines comme l’IL-6 et le TNF-α (22, 25), il est important de reconnaître qu’une part considérable des cytokines pro-inflammatoires produites par le tissu adipeux dans le contexte de l’obésité proviendrait de l’infiltration et de l’accumulation d’un grand nombre de macrophages (26, 27). Ce phénomène surviendrait  en réponse à l’hypoxie des adipocytes hypertrophiés (28). Les macrophages s’accumuleraient principalement autour des adipocytes morts par nécrose afin d’éliminer les débris cellulaires (29).

 

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